Vent d’est par Carmen Gogolan

« Quel bon vent t’amène ici ? » une question primordiale, de premier ordre donc dans une hiérarchie des besoins du personnage principal ou personnage soufrant la métamorphose, dans les contes féeriques roumains. Dès que j’ai vu le titre, je me suis posé cette question, mais c’est quel vent qui nous amène d’un pays à l’autre, d’un hémisphère à l’autre, d’un champ de combat à l’autre ? Evidemment le vent d’est aussi bien portraitisé dans l’histoire du début du volume était une réalité concrète, et pourtant une petite rafale de vent change tout un régime politique, on dirait « the wind of change ». Ce changement vise toute une société, chaque individu face à l’inconnu, à l’espoir, a maintenant l’occasion de se mettre au travail d’une façon ou autre pour définir son quotidien autrement : « à l’âge de 16 ans on peut même rêver. Parfois, la nuit, je rêve de pouvoir faire tomber le régime moi-même. »

C’est l’esprit d’une résurrection cherchée qui nous penche en avant, qui nous penche en arrière, qui nous pose beaucoup des questions sur qui nous sommes à chaque moment et qui nous allons devenir sous la force du vent qui souffle de nos poumons pour nous propulser dans la vie, dans l’endroit où nous apportons la lumière. L’éclaircissement se passe quand nous avons fait de notre mission le but per se, le but d’être une chandelle, de chercher au fil du temps les évènements qui nous ont fourni la force, la foi, la persévérance.

Carmen Gogolan a écrit un livre-chemin sur son parcours existentiel, un parcours qui commence avec le tableau de la petite fille bouclée dans la maison des grands parents et qui suit une conscience de la vie et de la mort autour du cimetière du village qui s’appui sur une poétique de l’éternel, des enfants qui réfléchissent sur le sens de leur vie, qui à travers l’amour projeté vont trouver le sens de leur vie. Un tableau innocent et grave, méditatif et expiatoire. Ensuite, ce tableau continue avec des paysages pittoresques de partout en Roumanie : Sirnea, Perieti, Ciocanesti, Slatina, Sibiu, Iasi, Bucuresti, Bruxelles.

Tos ces endroits ont modelé l’âme de l’autrice, ils l’ont plongé dans des territoires différents, l’ont fait connaitre des consciences diverses, des étapes de vie, des gestes, des philosophies de vie et façons de survie et épanouissement. De ce potpourri de vie Carmen Gogolan a choisi le meilleur à confesser, le meilleur de la vie qui fait repousser les arbres en printemps, le meilleur de la vie qui amène le vent d’est, le vent du changement pour voir là ou on est si besoin d’une boussole pour se cadrer ou recadrer dans le cadre de la vie qui nous entoure, qui nous propose des choix algorithmiques ou brusques, aller en avant ou en arrière dans des pas de danse, deviner ou croire ce qu’on entend.

Les contes sont structurés autour des endroits. Les émotions des personnages flottent autour des ces lieux fondamentaux pour leur devenir du lendemain. Nicu, Smaranda, Ionel sont les voix du passé métamorphosés en adultes. Leurs voyages autour du monde répondent à la question clé de leur enfance : « Qui est l’élu de ton cœur ? ». Ainsi, ils ont élu leur topos et justement cet endroit choisi pour célébrer la vie autour des personnes aimés leur apporte le bonheur, la joie de vivre, la joie de se souvenir les évènements qui ont changé leur chemin jusqu’au un certain moment heureux ou triste. Les parcours professionnels évoqués, la motivation des personnages ou leur déclin, sont des aller-retours parmi les souvenirs de l’amitié. Les symboles citadins et villageois sont bien mêlés, la vie et la mort sont cachés symboliquement dans un dialogue de l’enfance, dans l’entrevue de la maturité. Le point commun c’est la lumière autour de la Toussaint qui rassemble les deux mondes : « Les flammes des bougies se confondent avec les étoiles. Les deux mondes fusionnent. Celui d’ici-bas et celui de là-haut. »

Sirnea c’est le paradis des Carpathes sous l’empire de neige, mais le paradis du père n’est le même pour la fille. A chacun de regarder les choses, de trouver : « -Papa, le paradis éternel n’existe pas. Ou pas pour tout le monde… Ou pas tout le temps… Tu ne peux pas décider ce qui est bon pour moi. Je te remercie de m’avoir fait découvrir ce paradis, ton paradis. A moi de trouver le mien. »

L’histoire de Perieti c’est de nouveau sur lumière, sur les souvenirs du deuil du grand-père qui a changé pratiquement le paysage du village. La jeunesse et la maturité, l’image du garçon en tshirt, l’oncle, le grand père, « l’infiniment petit et l’infiniment grand, la vie et la mort… »

Bucuresti c’est déjà le passage à une vie trépidante, construite sur des autres axes, mais en tout cas une ville pour la maturité, la période des découvertes d’une autre monde, plutôt universalisé, multiculturelle, avec ses architectures diverses, ses êtres humains préoccupés par la vie qui passe dans leurs smartphones, dans les rues, dans les parcs, « une vie passionnante et pleine des surprises. »

Iasi, la ville de la culture, un paradis retrouvé, un voyage en train, en vitesse ou pas, mais un voyage qui rassemble des voix des amies, des consciences culturelles comme peints dans les photos de tableaux. La polyphonie des voix dans ces tableaux rend au lecteur un sentiment de pluri-existence, de multi présences, d’expansion.

De Sibiu, la ville des contrastes, Mandra, la légende de la beauté et de la solitude, Ciocanesti, lieu de la rencontre avec le Petit Prince en lecture, jusqu’à Bruxelles ville surréaliste il y a toute une odyssée, toute une toile de Pénélope. Cette toile des émotions et récits est finement tissé par Carmen Gogolan, avec son cœur et ses mots vibrantes au vent d’est.

Articole asemănătoare

Răspunsuri

Adresa ta de email nu va fi publicată. Câmpurile obligatorii sunt marcate cu *